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La tyrannie de la beauté : entrevue exclusive avec Alexandre Franchi, réalisateur de ‘Happy Face’

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Happy Face est le second long-métrage d’Alexandre Franchi qui mise sur un pari audacieux : confronter le public à sa propre perception de l’apparence physique… et il est prêt à s’aventurer dans les recoins les plus sombres de la psychologie humaine pour le remporter. La noirceur rampe, mais le film reste pourtant bien encré dans une profonde empathie éblouissante. Sans faire de compromis, il découvre l’humanité pour ce qu’elle est, dans ce qu’il y a de plus beau et de plus dur. Cette humanité s’inscrit dans un casting unique de la manière la plus authentique qui soit. Dans notre monde obsédé par les apparences, Happy Face est une bouffée d’air frais, d’autant plus rafraîchissante que rebelle.

Daniel Racine nous livre une entrevue exclusive qu’il a mené avec son réalisateur, Alexandre Franchi, dans le cadre de la sélection de Mars 2021 du ciné-club. Au programme : une immersion dans un univers éclectique, rebelle et riche d’humanité comme on en trouve rarement. À lire immédiatement en cliquant ici.


Un extrait de l’entrevue (épicée d’un peu d’expression québécoises) :

(Daniel Racine) HAPPY FACE est un film très personnel, car un des volets de l’histoire est basé sur ta relation avec ta mère, qui se définissait par sa beauté, qui a eu un cancer, et tu l’as accompagné dans sa maladie, provocant chez toi une culpabilité, qui est un peu la source du récit. Comment t’ai venu l’idée de ce groupe de thérapie pour les gens défigurés, qui complète à merveille ton scénario?

(Alexandre Franchi) Cette idée m’est venue à l’école de cinéma à Toronto. Ça devait être un court métrage qui s’appelait LA GUERRE DES SENS (WAR OF THE SENSES). C’était beaucoup plus ado et puéril comme truc, l’histoire d’un mec qui ne pouvait pas dealer (gérer) sa culpabilité. Et il essayait de trouver des freaks, des gens déformés, défigurés, et de faire une révolution avec des clochards, des gens moches. Et à la fin, il se défigurait lui-même. Devant une caméra, en circuit fermé dans un centre d’achats, dans le comptoir des cosmétiques. Il se coupait, il se mutilait, et il devenait le leader de cette horde.

C’était l’idée de choquer, de foutre ça dans la gueule des gens. Moi, j’avais du mal à regarder ma mère, et je voyais comment les gens la regardais et c’était comme Fuck You ! Je mets de la laideur dans votre face, je vous les mets dans le caca. Ouais, c’est parti comme ça.

L’évolution de ce film, qui a pris 15 ans à écrire on and off (en dilettante), mon processus psychologique de ce qui arrivait à ma mère, l’histoire a été conçu un peu tout croche. C’est parti du viscéral et j’ai essayé d’en faire une histoire plus cohérente. J’avais un désir de mettre mal à l’aise, car c’est un peu ce que j’avais ressenti, quand les gens regardaient ma mère. J’avais le goût de leurs casser la gueule.


Happy Face est à voir sans plus tarder dans le ciné-club. Il est disponible en VàD jusqu’au 30 avril prochain. Bon cinéma !

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