A ce jour, la plus importante figure de l'histoire du cinéma québécois !
D'abord cadreur et directeur de la photographie, il devient vite réalisateur et producteur. Cofondateur du Cinéma Direct, cette nouvelle manière de redécouvrir la société québécoise, il en est définitivement le magicien. Il est souvent considéré comme l'inventeur de la caméra à l'épaule, en tout cas celui qui fit du réel la plus excitante des aventures : à hauteur d'homme et en totale complicité avec le milieu.
D'abord pur produit de l'ONF où il apprit le métier en studio, c'est avec Claude Jutra qu'il découvre très tôt le cinéma amateur et la photographie. Il abandonne rapidement dans le courant des années 50 le "candid eye" des anglophones et ses tournages au téléobjectif, pour s'affirmer très vite comme le grand cadreur de l'équipe française de l'ONF, installé à Montréal. Cartier-Bresson lui suggérera de préférer le grand angle et la lumière naturelle et comme ce premier maître, de privilégier l'humain à l'intérieur du plan.
Néanmoins, ses images de nature élégiaques marqueront l'histoire du cinéma tant chez Fernand Dansereau (la caméra qui fend les frondaisons dans La Canne à pêche) que le travelling avant à fleur de terre chez Mario Ruspoli (Les inconnus de le terre), sans parler des prises de vue inoubliables du premier volet de la trilogie de l'île aux Coudres. Mais outre la modernité de la mobilité de sa caméra que l'on retrouvera aussi chez Jean Rouch dont il fut l'admirateur et le cameraman pour Chronique d'un été, c'est vraiment sa manière de filmer l'humain et ses multiples visages qui immortalisera son éthique du cadrage. Travaillant d'abord la lumière naturelle et le dépouillement ( Les mains nettes en 1958 puis les œuvres des années 60), il sera toujours un remarquable directeur de la photographie et même un maître ès-ombres (Les bons débarras de Francis Mankiewicz).
Il sera fidèle dans ses collaborations, notamment à son ami Pierre Perrault et audacieux dans ses choix de production comme en témoigne la très belle série Le son des français d'Amérique avec André Gladu, inscrite au patrimoine Mémoire du monde par l'UNESCO.
Quant à ses réalisations, elles furent aussi sporadiques que remarquables. Son second long-métrage de fiction, Les ordres, lui vaudra d'ailleurs le Prix de la Mise en scène à Cannes en 1975. Il tourne Mon amie Max, toujours avec son interprète fétiche Geneviève Bujold avec qui il aura travaillé entre le « joué et le vécu », mais aussi avec le chanteur Michel Rivard. Son dernier film de fiction sera une fresque historique sur le rébellion des Patriotes (Quand je serai parti, vous vivrez encore), marquée par cette quête de liberté à laquelle il est toujours resté attaché. Brault aura en outre beaucoup tourné pour la télévision.
"Michel, comme un centaure, pour décupler son humanité, prolonge l’œil et l’oreille et transforme en mémoire indélébile tout ce qui tombe sous le sens." Pierre Perrault
entrevue avec Aurélie Le Caignec et Douglas Resende pour la revue Hors Champ (2011)
entretien avec Pierre Jutras, Copie zéro n°5, 1980
entretien avec Michel Coulombe, Ciné-bulles Volume 17, Numéro 4, Hiver–Printemps 1999
entretien avec Marie-Claude Loiselle et Claude Racine, revue 24 images n°96, 1999