Photo Eric Vautrey
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Réveiller les morts : Tintamarre québécois et francophone au Festival 48 images seconde de Florac !

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Plus que jamais les films sélectionnés et les animations programmées par le duo Guillaume Sapin et Daniel Racine auront ravi un public avide de découvertes et de nouveaux horizons culturels. Un bilan plus que positif : au Québec comme chez les cousins acadiens – beaucoup moins connus par chez nous -, on parle désormais de l’accueil du festival comme de celui du public floracois en termes élogieux. Une ambiance de bonne augure dans les rues comme dans les salles, au moment où une bande d’ados s’apprête à réanimer le jumelage entre Florac et l’Anse St jean à l’été 2020.

Le succès de cette édition anniversaire (10 ans déjà), c’est d’abord une nouvelle augmentation de la fréquentation dans les salles (26 % quand même !) et la marge de progression est encore grande. Pour faire peau neuve, le festival investissait cette fois la Genette verte en parant le centre culturel des couleurs marines de l’Acadie. Le succès de cette thématique était assuré par la présence d’un ambassadeur de choix (et de renommée internationale), Phil Comeau, venu à la fois présenter son nouveau documentaire sur le succès international des groupes musicaux acadiens ( Vague d’Acadie ), comme son film de patrimoine le plus célèbre et d’ailleurs largement primé au cours des vingt dernières années, même si encore peu connu en France ( Le secret de Jérôme ). Avec le concert de Shaun Ferguson, à la fois intense et intime et qui fit salle comble, le set de Dj Danz ( pour ne pas prendre Racine…) et les contes de Katrin’ Maure, il y en avait pour toutes les sensibilités et de quoi en apprendre sur cette nouvelle terre d’accueil de nombreux français, plus encore que dans l’édition 2017 du festival consacrée aux Cadiens de Louisiane ( et à un certain Zachary Richard notamment )…

Comme les quatre éditions précédentes, la programmation faisait un état du meilleur de la programmation québécoise de l’année écoulée, tout en permettant aussi la reprise de films déjà diffusés en l’absence de leur auteur. Ainsi Maxime Giroux présentait Le déserteur sur lequel nous reviendrons puisque la sortie française s’annonce très bientôt, mais aussi son grand classique Félix et Meira. Parmi les avant-premières, l’excellent accueil de La disparition des lucioles comme le rattrapage du Vendeur du même Sébastien Pilote, montre bien la nécessité de distribuer enfin la totalité son œuvre qui aurait semblé logique après un prix SACD à Cannes pour son Démantèlement.

Sébastien Pilote en compagnie de son comédien principal Pierre-Luc Brillant- Photo Eric Vautrey

C’est aussi avec étonnement que le public ( et ce jusqu’aux scolaires ) a découvert la trilogie autobiographique et populaire de Ricardo Trogi, 1981, 1987 et le petit dernier 1991, qui fait pourtant partie des grands succès public outre Atlantique. Un succès total qui nous fait attendre là encore une sortie française.

Le festival faisait aussi La part belle à quelques OFNI : Le nid de David Paradis, un excellent méta film de genre qui tire parti d’un lieu extraordinaire comme d’une absence de budget bienvenue. Le film nous a été présenté par son acteur principal Pierre-Luc Brillant, une visite qui aura à nouveau ravi les nombreux fans de C.R.A.Z.Y déjà conquis par la venue de Marc-André Grondin l’année dernière.

Côté essai documentaire et en partenariat avec l’ONF et la Cinémathèque du Documentaire, Florac aura eu l’immense chance de découvrir les deux films de montage titanesques de Luc Bourdon, La mémoire des anges (2008) et La part du diable (2017) qui brossent la fresque de trente ans d’histoire québécoise telle que captée à travers les films produits par l’ONF, les fictions comme les documentaires, mais revus et remontés par un œil neuf. Un travail de mémoire alerte et esthétiquement ébouriffant et une occasion à ne pas manquer car ils sont voués à rester inédit en dvd à cause des problèmes de droits inhérent au genre.

Soirée d’ouverture du festival 48 images seconde. De gauche à droite, Guillaume Sapin, Ricardo Trogi, Maxime Giroux et Luc Bourdon – photo Eric Vautrey

Enfin, après avoir découvert en 2017 le travail du peintre et cinéaste Martin Bureau, c’était le tour d’un artiste fort côté dans les milieux de l’art contemporain, Marc Séguin, de venir présenter sa démarche artistique. Si le portrait documentaire qui lui a été consacré aura parfois choqué certains spectateurs par sa façon et sa volonté de mettre en œuvre des corps organiques ( Bull’s eye un peintre à l’affût (2010) de Bruno Boulianne ), sa démarche exposée lors d’une Classe de Maître a passionné le plus grand nombre d’autant qu’elle s’étend jusqu’à l’agriculture. Son vaste documentaire, La ferme et son état présentait en effet aux acteurs du territoire lozérien un état des lieux complet et militant de l’avancée de l’agriculture biologique en Amérique. Pour finir, son dernier film de fiction autoproduit et improvisé, Stealing Alice, aura désarçonné ou émerveillé un public floracois qui aura eu là encore la primeur de l’expérience. Du cinéma exigeant et hors de tous sentiers battus… C’était enfin l’occasion d’accueillir la grande star de cette édition 2019, Fanny Mallette, qui avait quitté le pays des merveilles pour la vallée du Tarnon. La comédienne était venue modestement et chaleureusement présenter son premier court-métrage, le simple et profond Dernier mardi, adapté d’une nouvelle de Marc Séguin écrite à cet effet. Gageons que nous aurons vite de ses nouvelles derrière comme devant la caméra car il s’agit d’une immense actrice dont le regard sur son métier est essentiel ( voir l’entrevue fleuve sur notre site très bientôt ).

Pour compléter le tableau, une œuvre jeune public d’un cinéma inuit désormais bien établi, la compétition des courts-métrages, entièrement vouée à la promotion des jeunes cinéastes ( premier ou second court-métrage ), qui aura encore une fois sacré le grand écart entre cinéma grand public ( Poisson de Mars, prix du Public), le jeune cinéma d’auteur ( Shirley Temple, prix du Jury ) et le meilleur du cinéma d’avant-garde ( Grand Prix pour Train hopper, film engagé politiquement ET esthétiquement ! Sa réalisatrice, Amélie Hardy, est d’ores et déjà attendue à Florac pour une résidence de création ). Comme les autres films de la sélection ne déméritaient pas, on présage que le cinéma québécois nous promet d’ores et déjà « de beaux lendemains » ( pour citer… un canadien anglophone autrefois inspiré !!! ).

Train hopper, d’Amélie Hardy, Grand prix du court-métrage

Le festival aura permis en outre aux spectateurs de Marvejols, Alès ( vie le festival Itinérances ), Le Vigan et Montpellier, de découvrir un film québécois en avant-première, comme aux élèves (60 élèves de classes de seconde, 56 élèves de quatrième) de rencontrer les cinéastes. Des partenariats qui ne peuvent que se développer.

Le festival n’est d’ailleurs pas qu’un ensemble de projections. Deux tables rondes supplémentaires enrichissaient les rencontres avec une extension cette année à la production canadienne via l’Acadie ( Documentaires en fabrication, Tourner le cinéma à l’étranger ).

Enfin, le festival devient un espace de rencontre professionnel fructueux avec la venue cette année de Sylvain Corbeil, le patron de Metafilms, société de production québécoise bien connue et à qui l’on doit la crème du cinéma québécois des vingt dernières années, mais aussi de Thimothée Donay président de LIGNE 7, distributeur lillois qui entend organiser la sortie en salles de nombre de films québécois dans la foulée de celui de Maxime Giroux. Ajoutons la présence de Québec Cinéma en la personne de François Lemieux et de médias québécois ( et pas n’importe lesquels, Radio Canada avec Claudia Hébert ou l’excellente revue Séquences ).

Vous l’avez compris – sinon tout le monde vous le répétera, 48 images seconde est désormais cette incontournable date en région Occitanie pour le septième art et dont la volonté de promotion du cinéma québécois ne peut que nous réjouir, d’autant que nous étions de la fête pour y rencontrer les invités, lancer notre site comme pour présenter nos dvd au public. Une belle complémentarité et des collaborations en perspective…

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