Katherine Jerkovic lors de la cérémonie d'ouverture du festival Vues du Québec de Florac en avril 2023- Photo Christian Ayesten
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À l’intérieur du cadre la vie doit être là, imprévisible : entretien avec Katherine Jerkovic, réalisatrice du Coyote

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entrevue avec Pierre Audebert au festival Vues du Québec de Florac en avril 2023

À quoi tiennent les impressions tenaces que laissent les films dans notre mémoire ou dans nos cœurs? À un rapport au réel, on le sait. À l’empathie toujours et aux parcours de vie que l’on suit l’espace de quelques heures. Katherine Jerkovic est une cinéaste québécoise confirmée, repérée et primée dans les festivals prestigieux d’Amérique du Nord. Son cinéma est pourtant formellement très éloigné du drame réaliste québécois tel qu’on le connaît en France et il pose question par ses choix narratifs et esthétiques forts.  Ses films donnent, et c’est suffisamment rare pour être signalé, envie d’être revus car la sobriété des plans séquences masque souvent la sophistication de la mise en scène et la maîtrise esthétique. Le fond surtout, le fond emporte tout alors que paradoxalement ces expériences émotionnelles ne font rien pour racoler le spectateur ainsi que nous l’apprend depuis toujours la dramaturgie à l’américaine. Passant d’un film de voyage solaire au drame intime d’une reconstruction familiale, Katherine Jerkovic affine son regard et affûte son discours. Ceci expliquant cela, l’entretien qui suit livre lui aussi des petits moments de vérité pour apaiser notre trouble et éclairer cette belle réussite artistique.

 

 

Vous êtes une citoyenne du monde : des origines multiples et de nombreux pays d’accueil : Belgique, Uruguay, Québec… Quant à vos histoires, elles se déroulent soit dans des pays étrangers, soit racontent la vie de personnages étrangers.

Citoyenne du monde, c’est beaucoup dire parce que le monde est vaste, mais je ne suis certainement pas quelqu’un qui est resté à la même place. j’ai vu différentes cultures, j’ai habité dans des pays avec différentes langues. Alors oui ça fait partie de qui je suis et inévitablement des films que je fais.

Pour autant vous vous sentez 100 % québécoise…

Je ne me sens 100 % rien… Il y a d’autres éléments. Je suis très québécoise, surtout culturellement, parce que ça fait quand même vingt huit ans que je suis là-bas. Je suis arrivée à 18 ans donc ça m’a vraiment formé comme adulte. C’est là que j’ai étudié et que j’ai développé toutes mes compétences professionnelles et comme on le sait, elles ne se transfèrent pas facilement d’un pays à l’autre. Même si une partie de moi vient d’Uruguay et que j’y ai des attaches affectives fortes, je ne pense pas que je pourrais débarquer là-bas et commencer à travailler, y mener une vie plus ou moins fonctionnelle parce que ça change beaucoup d’un pays à l’autre. J’ai aussi vécu sept années en Belgique qui ont été aussi importantes dans ma vie, d’abord parce que j’y ai appris le français, c’est ma première scolarité. J’ai gardé des amis là-bas. D’ailleurs, j’essaie de retrouver une amie belge à Paris parce que je n’ai pas le temps d’y passer durant ce voyage-ci mais souvent quand je passe en Europe, j’essaie de m’arrêter quelques jours là-bas. Je trouve que c’est un pays à la culture attachante.

Katherine Jerkovic au micro lors du festival Vues du Québec de Florac en avril 2023, en compagnie de Lawrence Côté-Collins – photo Dominique Caron

 

Photo du haut: Katherine Jerkovic lors de la cérémonie d’ouverture du festival Vues du Québec de Florac en avril 2023- Photo Christian Ayesten

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