Organisation
Revue Panorama-Cinéma, BPI du Centre Pompidou, L’Écran de Saint-Denis Vidéographe, Forum des images
L’œuvre de Robert Morin, presque inédite en Europe, est l’une des plus ingénieuses que le Québec ait produite depuis la nouvelle vague des années 1960. Cinéaste actif depuis presque 50 ans, issu des arts plastiques et de la photographie, Morin a su combiner les lubies du cinéma québécois pour la forme documentaire et le drame social dans un style hybride aux inspirations variées. Parmi celles-ci, on note la sensibilité foraine de Tod Browning, l’art ethnographique de Pierre Perrault, l’artisanat intime de Jonas Mekas, le relativisme narratif d’Akira Kurosawa, le théâtre expérimental de Brecht et Artaud... Cette sélection est une ébauche de portrait, un florilège à la fois restreint et exhaustif du cinéma de Morin, mais aussi du travail de la cinéaste André-Line Beauparlant, sa partenaire, dont nous plaçons les œuvres en dialogues avec celles de Robert. Les agencements des différents programmes dénotent des similarités formelles ou thématiques entre des films qui ont parfois été produits à des décennies d’écart. Ce survol nous permettra ainsi de saisir la portée d’une œuvre incontournable du Québec moderne dont la cohérence résiste à son hétérogénéité, dont l’humanité résiste à la présence des monstres en son sein. Ce sera aussi la chance de la faire dialoguer avec une autre œuvre qui la colore et la nuance par sa propre force vitale, indépendante, mais parallèle, auréolée de la même considération pour ce qu’on qualifie à tort de « petit peuple ». En parallèle de cette programmation, un dossier spécial de Panorama-cinéma sera lancé sur la plateforme de la revue et un programme imprimé gratuit, composé d’articles préparés par la rédaction, sera distribué au public des films de la rétrospective.
L’identité est une construction. C’est ce que nous apprennent ces deux films, à travers les regards croisés de plusieurs personnes, chacune détenant l’une des clés du puzzle que constitue la vraie nature des deux sujets titulaires. La famille occupe ici une place centrale, à la fois dupe et douteuse des supercheries élaborées par ses membres…
18h20 : Requiem pour un beau sans-coeur (1993, 93 minutes) + 20h15 : Pinocchio (2015, 72 minutes)
La famille, c’est le site des secrets, le bastion des mensonges, des non-dits, des demi-vérités ; c’est un terreau fertile pour l’exercice documenteur, mais aussi pour la révélation documentaire. En se tournant chacun vers leur famille, chacun à leur façon, Beauparlant et Morin réfléchissent au pouvoir cathartique que possède la caméra de délier les langues, de creuser le passé et de le faire émerger dans le sillon d’une mort proche, récente ou annoncée.
18h30 : Trois princesses pour Roland (2001, 90 minutes) + 20h20 : Petit pow ! pow ! Noël (2005, 92 minutes)
La caméra des deux cinéastes permet de cerner, même parfois de subjectiver moult sensibilités marginales. Qu’il s’agisse des figures circassiennes des premiers courts-métrages de Morin ou des chasseurs de Beauparlant, voire des membres de sa famille, tous ces gens retrouvent chez eux le droit à l’authenticité, à l’équité de la représentation que leur refusent trop souvent la société.
18h45 : Le petit Jésus (2004, 78 minutes) + 20h30 : Quiconque meurt, meurt à douleur (1998, 90 minutes)
Dans ce programme, où l’art de la chasse devient le marqueur d’une identité québécoise ancrée à même le territoire, on part à la rencontre d’individus singuliers, perdus dans une immensité nordique qui aura tôt fait de révéler leur vraie nature. Chez Beauparlant et Morin, c’est avec la caméra qu’on atteint la vérité nue, qu’on touche à l’être, en lui laissant le pouvoir de se raconter lui-même plutôt que de se faire raconter par autrui.
18h30 : Panache (2007, 90 minutes) + 20h20 : Papa à la chasse aux lagopèdes (2008, 90 minutes)
Plongée dans la psyché de deux hommes solitaires, écartelés entre le prosaïsme d’une existence miséreuse et les horizons salutaires de la folie. Dans ces journaux filmés, Robert Morin développe la voix off en poussant l’art du documenteur jusqu’à des sommets du cinéma artisanal.
18h00 : Le voleur vit en enfer (1984, 20 minutes) + Yes Sir! Madame… (1994, 73 minutes)
Ce programme puise parmi les premiers « tapes existentiels » de Robert Morin pour mettre en lumière son art du portrait et son intérêt sous-jacent pour les individus marginaux, qu’il inscrit dans le grand « film de famille » d’un Québec prolétaire aux multiples visages. Avec Elvis l’Italiano, André-Line Beauparlant livre elle aussi un portrait tendre et perspicace d’un performeur, mandaté par Dieu pour interpréter les grands succès du « King » dans son voisinage.
20h30 : Gus est encore dans l’armée (1980, 22 minutes) + Le mystérieux Paul (1983, 26 minutes) + Elvis l’Italiano (2002, 14 minutes)
Dans ce programme, il est question de l’avant et de l’après… de la vie, de la mort, du physique et de la métaphysique. Atteint d’une flèche, un orignal va mourir loin en forêt et s’offrir en festin à ses congénères. Guêpes, mouches et coléoptères d’abord, puis corneilles, pygargues, vautours, et enfin tous les mammifères carnivores de la forêt boréale se font convives.
18h00 : Festin boréal (2023, 75 minutes) - Sortie en France : 17 décembre 2025 (Vues du Québec Distribution)
Titre à titre, deux films qui se font écho à 45 ans d’intervalle. Deux histoires de couples, où la fiction côtoie le documentaire, où la vraie vie côtoie le cinéma. À jamais. En juxtaposant l’un des premiers « tapes » du réalisateur au documentaire biographique que lui consacre cette année sa conjointe, présenté ici sous la forme d’extraits de montage avant son éventuelle première mondiale, nous tenterons de découvrir si seul le jeu de mots relie les œuvres ou si des racines plus profondes nouent l’une à l’autre.
20h30 : Ma vie c’est pour le restant de mes jours (1980, 27 minutes) + Mon amour c’est pour le restant de mes jours (2026, extraits)
Programmation : Mariane Laporte & Olivier Thibodeau Coordination : Mathieu Li-Goyette Partenaires : BPI du Centre Pompidou, L’Écran de Saint-Denis Vidéographe, Forum des images et la Délégation générale du Québec à Paris Subventionnaires : Conseil des arts du Canada Conseil des arts et des lettres du Québec, Conseil des arts de Montréal
Cinéma l'Écran de Saint-Denis, Passage de l'Aqueduc, Saint-Denis, France
Forum des images, Rue du cinéma, Paris, France
Revue Panorama-Cinéma, BPI du Centre Pompidou, L’Écran de Saint-Denis Vidéographe, Forum des images