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BONUS DU CINÉ-CLUB : Entrevue exclusive avec André Forcier

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La semaine commence bien ! Pierre Audebert nous partage aujourd’hui son entrevue exclusive avec le cinéaste André Forcier, tout spécialement à l’honneur ce mois-ci dans le ciné-club. Celui qu’on a surnommé l’enfant terrible du cinéma québécois se livre sur son parcours, sa carrière, ses aspirations et nous fait tremper dans son univers de créateur chevronné. Il faut dire qu’après plus de 50 ans à peaufiner son art et à faire rêver son public, André Forcier porte avec lui une oeuvre unique à la signature emblématique qu’on a la plus grande envie de partager avec vous. Cette entrevue, c’est l’occasion de rencontrer l’oeuvre à travers le poète.

Pour vous donner un avant-goût…!

Pierre Audebert : Dans ton écriture, qu’est-ce qui vient en premier le plus souvent, les mots ou les images ?

André Forcier : Parfois, j’écris pour des lieux de tournage. Pour L’eau chaude, l’eau frette (1976), j’habitais la rue St Denis où ça a été tourné. Mais j’habitais déjà avant un quartier difficile qui s’appelait St Henri. Il y avait un bar salon qui s’appelait le Bar Salon Houde, avec des usuriers, les shylocks, ceux qui te prêtent à fort taux et après tu te fais casser les jambes quand tu ne paies pas ! À un moment donné, je me tenais dans ce petit bar là et je prenais un verre avec un copain. Son shylock passe et il me dit « André, si t’as besoin d’argent, c’est mon pote » « OK ! » Je retourne au bar deux semaines plus tard et je vois mon pote qui s’était fait un peu gaspiller la mâchoire « Qu’est-ce qui s’est passé ? » « C’est mon ami Frank le shylock… Qu’est-ce que tu veux, c’est ma faute, je ne l’avais pas payé ». Frank lui avait pété la gueule parce qu’il l’avait payé en retard. D’autre part, j’ai vécu après sur St Denis, une petite chambre sans fenêtre. Il y avait un store vénitien qui donnait sur le mur. C’était assez pénible. Tout près de là, il y avait un grand balcon qui faisait l’angle entre la rue St Denis et… la rue Rachel je crois. Là je me suis dit « Tiens, on pourrait faire la fête d’un shylock ! ». Les québécois adulent leurs exploiteurs (rires) donc je trouvais la métaphore très belle. Ce sont des riens qui font naître les films ! Je vais à la pêche et puis je vais voir ce que je prends. À partir de là, j’essaie de développer l’histoire…

L’eau chaude, l’eau frette (1976)

Pierre Audebert : Le regard sur le monde est souvent sans fards, c’est ton versant réaliste. Je pense entre autres à la femme éméchée de Bar Salon en train de pisser, qui amène de la crudité mais aussi de la beauté (il acquiesce). Est-ce que c’est ta manière d’appréhender le monde quand tu te promènes dans la vie, une forme de dérive poétique au sens où l’entendaient les situationnistes ?

André Forcier : Je vois bien ce que tu entends par dérive poétique mais chez nous il fait trop froid (rires). Quand vient le printemps, j’aime bien prendre ma voiture et errer à Longueuil ou dans la ville de Montréal, trouver des lieux de tournage qui souvent m’inspirent. J’écris actuellement un film qui s’appelle Ababouiné. « Ababouiné », c’est un vieux mot français désuet pour parler d’un bateau, d’un vaisseau abandonné en mer par le vent. Par contre, par extension, un cœur ababouiné, ça contient tout le tragique de la dimension amoureuse.

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